SÉANCE 4 : UN RÉCIT EN VERS

 

LE CORBEAU ET LE RENARD

Un corbeau déroba un morceau de viande et alla se percher sur un arbre. Un renard, l'ayant aperçu, voulut se rendre maître du morceau. Posté au pied de l'arbre, il se mit à louer la beauté et la grâce du corbeau :
"A qui mieux qu'à toi convient-il d'être roi ? En vérité tu le serais, si tu avais de la voix ! "Le corbeau voulant lui montrer qu'il n'en était pas dépourvu, laissa tomber la viande et poussa de grands cris. L'autre se précipita, s'empara de la viande et dit :
"Ô corbeau, si tu avais aussi de l'intelligence, il ne te manquerait rien pour être roi de tous les animaux!"
Avis aux sots.

ESOPE

LE CORBEAU ET LE RENARD

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
" Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit et dit :" Mon bon monsieur, Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute."
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Jean De La Fontaine

 

A• La fable

Une fable est un court récit en prose ou en vers illustrant une moralité. Essaie de reformuler celles de ces deux fables.

C'est un récit, il ya donc un narrateur, une histoire et des personnages. Il y a aussi souvent des dialogues qui rendent l'histoire plus vivante.

Ce récit vise à enseigner (la morale) et si La Fontaine met en scène des animaux, il ne faut pas oublier qu'il parle des hommes aux hommes…

Jean de La Fontaine a écrit des fables en vers s'inspirant de celles du fabuliste grec Esope (VIème siècle avant Jésus-Christ).

Ces deux fables racontent la même histoire et pourtant elles sont différentes. Certes, le fromage a remplacé la viande, mais c'est surtout l'expression vivante de La Fontaine qui renouvelle la fable.

B• Les vers

Les vers obéissent à des régles rythmiques très sévères. Comme en musique, on compte les temps (syllabes) car on ne peut pas écrire n'importe comment.

Pour compter les syllabes d'un vers, il faut connaître la règle du e muet : en français, on ne prononce pas le e lorsqu'il est à la fin d'un mot. Il en est de même en poésie sauf lorsqu'il est suivi d'une consonne.

Te/nait/ en/ son/ bec/ un/ fro/mage. (le e est en fin de vers, je ne le prononce pas)

Il/ ou/vre un/ lar/ge /bec (le e est suivi d'une voyelle, je ne le prononce pas)

Maî/tre/ Cor/beau,/ sur/ un /ar/bre/ per/ché, (le e est suivi d'une consonne, je le prononce)

Jean de La Fontaine a employé des vers de longueur variable : octosyllabes (8), décasyllabes (10) et alexandrins (12) se succèdent dans "Le Corbeau et le Renard".

Maî/tre/ Cor/beau,/ sur/ un /ar/bre/ per/ché, (10 syllabes, c'est un décasyllabe)

Te/nait/ en/ son/ bec/ un/ fro/mage. (8 syllabes, c'est un octosyllabe)

Vous/ ê/tes/ le/ phé/nix/ des/ hô/tes/ de/ ces/ bois. (12 syllabes, c'est un alexandrin)

Les vers se finissent par des rimes croisées (abab), suivies (aabb) ou embrassées (abba).

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :

abab, ce sont des rimes croisées

" Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,

aabb, ce sont des rimes suivies

Que celui dont la poule, à ce que dit la fable,
Pondait tous les jours un œuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor :
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable

abba, ce sont des rimes embrassées.

Si tu as bien compris, tu peux t'entraîner en faisant quelques exercices.